Les 4 stades de l’apprentissage

Lorsque l’on désir apprendre une chose nouvelle, qu’il s’agisse d’une langue étrangère, de l’apprentissage de la conduite ou encore d’outils de parentalité, nous pouvons nous sentir impuissantes face à l’ampleur de la tâche.

En 1969, Martin M. Broadwell posait les fondations d’un modèle intitulé « les 4 étapes avant d’apprendre une compétence »  que l’on appelle plus communément aujourd’hui  « les 4 étapes de l’apprentissage » suite à la reprise de ce dernier par Noël Burch.  En réalité, on retrouve les fondements de ce modèle bien plus tôt notamment via un poème d’Al-Juwayni, théologien et juriste musulman,  au 11ème Siècle.

Ce modèle est très éclairant lorsqu’il s’agit d’accompagner son enfant dans sa scolarité. Il permet en effet de mieux savoir le situer  face à un apprentissage.

Mais il est aussi, pour nous,  dans notre cheminement parental, professionnel  et personnel, un outil indispensable pour faire le point, accepter les difficultés que l’on est amené à rencontrer et accepter pleinement le chemin lui-même.

Pour découvrir ce modèle, je vous propose  3 exemples qui viendront illustrer chaque étape du processus :

  • Exemple 1: L’apprentissage de la conduite (peut-être l’exemple le plus « parlant »)
  • Exemple 2: L’apprentissage de la multiplication (pour l’enfant)
  • Exemple 3 : Le cheminement vers une parentalité responsable et consciente (pour nous 😉 )

Si un autre exemple vous viens à l’esprit, gardez le en tête au fur et à mesure de votre lecture pour identifier à quelle étape vous vous trouvez 😉

Prête à gravir les marches ? Découvrons l’une après l’autre chacune de ces 4 étapes.

ETAPE 1 : L’Incompétence Inconsciente

Bien que cette étape soit considérée comme la première, elle intervient en réalité avant même que l’apprentissage n’ai réellement débuté.

En effet, cette étape désigne le stade auquel nous n’avons pas conscience de ne pas savoir, nous sommes alors inconsciemment incompétentes.

La première étape est donc tout simplement celle de l’ignorance totale.

Ainsi, la phrase qui résumerait cette étape est : « Je ne sais pas que je ne sais pas ».

Exemple 1 : Je ne sais pas que conduire nécessite d’apprendre (le code de la route, les différentes pédales ^^). C’est le cas d’un jeune enfant par exemple qui observe son parent conduire sans avoir conscience des gestes requis et de leur impact.

Exemple 2 : Pour ce deuxième scénario, il s’agira par exemple d’un enfant qui connait la comptine numérique (réciter les chiffres dans l’ordre) mais qui ne sait pas encore que les chiffres lui serviront à effectuer des opérations basiques.

Exemple 3 : Lorsque l’on est une jeune femme sans enfant ou une jeune mère, on peut penser que la parentalité est le fruit de l’instinct maternel et que cela ne nécessite aucun apprentissage particulier.

Le délai entre la première et la seconde étape peut être très variable et s’exprime généralement en mois ou en années.

ETAPE 2 : L’Incompétence Consciente

On passe à la seconde étape dès lors qu’il y a prise de conscience : « Je sais que je ne sais pas ».

On comprend alors que l’on a une multitude de choses à apprendre pour maitriser ce nouveau domaine de connaissance ou cette nouvelle compétence.

C’est à cette étape cruciale que peut naitre le sentiment d’impuissance évoqué plus haut. On prend souvent conscience à cet instant du temps et des efforts que l’apprentissage nécessite.

C’est donc une étape clé : on peut choisir d’abandonner face à la masse de choses à apprendre ou au contraire développer son enthousiasme à l’idée de ce monde nouveau qui s’ouvre à soi et de toutes les possibilités que cet apprentissage pourrait permettre.

Exemple 1 : Je prends conscience qu’il me faudra apprendre les règles du code de la route, apprendre à tenir mon volant et passer les vitesses entre autre. La perspective de pouvoir me rendre où je le souhaite, quand je le souhaite (avant de découvrir le prix de l’essence ^^) et le sentiment de liberté que cela permettra ou encore la facilitation dans ma recherche d’emploi me donne alors l’impulsion d’apprendre.

Exemple 2 : L’enfant maitrisant l’addition peut comprendre le fonctionnement de la multiplication. On lui demande alors souvent de mémoriser ses tables. Il prend conscience du temps et des efforts que cela lui demandera de mémoriser  efficacement toutes ces dernières.

PS : Il existe des méthodes ludiques et très efficaces pour cet apprentissage, faites-moi signe en commentaire si cela vous intéresse 😉

Exemple 3 : Jeune mère ou non, je prends conscience que la maternité demande de connaitre certaines choses comme les stades de développement de l’enfant ou sa psychologie par exemple. Là encore, la tâche peut sembler colossale mais la volonté d’accompagner au mieux son enfant donne généralement l’énergie nécessaire pour entreprendre cette acquisition de connaissances théoriques et/ou pratiques.

Si l’on opte pour l’enthousiasme à l’idée d’apprendre quelque chose de nouveau ou si la motivation est assez conséquente, on prend alors des décisions qui nous permettent de nous engager sur le chemin de l’apprentissage.

Dans notre premier exemple, on s’inscrira à des cours de conduite et de code. Dans le second, l’élève choisira la première table qu’il souhaitera mémoriser (En réalité, on la choisira souvent pour lui, de même que le moment auquel débutera cet apprentissage mais c’est un autre sujet… ).

Pour le dernier enfin, il peut s’agir d’emprunter des ouvrages à la bibliothèque ou  de participer à des ateliers de parentalité par exemple.

Le temps consacré à acquérir la nouvelle connaissance ou compétence permettra alors d’atteindre, dans plus ou moins longtemps, la troisième étape du processus d’apprentissage.

ETAPE 3 : La Compétence Consciente

Cette étape  marque un moment particulier de l’apprentissage.

En effet, à cette troisième étape, l’individu sait, a appris : C’est l’étape du « Je sais que je sais ».

Toutefois cela nécessite encore beaucoup d’énergie mentale, cognitive. Cette étape est donc caractérisé à la fois par son coté énergivore, par l’attention soutenue qu’elle demande mais aussi par le sentiment de fierté qui nait. En effet, à chaque fois que j’accompli telle ou telle chose ou que j’ai recours à une connaissance acquise dernièrement, cela me demande un effort qui éveil ma conscience. J’ai donc conscience de ce que je sais et de ce que je fais et cela induit une certaine satisfaction personnelle.

Exemple 1 : J’ai plusieurs heures de conduite et de code à mon actif voire même j’ai obtenu mon permis. Je sais conduire mais cela me demande encore beaucoup d’énergie mentale et une concentration de tous les instants. Je suis fière de pouvoir faire mes premiers trajets.

Exemple 2 : L’enfant a appris chaque table de multiplication mais retrouver les résultats mentalement lui demande encore un certain effort cognitif. Il a la satisfaction de réaliser un calcul en faisant appel à ce qu’il a mémorisé.

Exemple 3 : Après avoir lu plusieurs ouvrages dédiés à la petite enfance et assisté à des ateliers, je sais comment je dois m’y prendre mais cela me demande encore des efforts au quotidien. Si cela manque encore de fluidité et de spontanéité, j’ai conscience des avancées et du regard renouvelé sur ma parentalité ce qui me procure le sentiment d’avoir progressé.

La répétition de l’action et la réactivation du savoir de manière régulière permettent d’entrer progressivement dans la dernière étape.

ETAPE 4 : La Compétence Inconsciente

Des lors que l’action a été réalisé un certain nombre de fois ou que l’on a fait appel un certain nombre de fois là encore à une nouvelle connaissance, celles-ci tendent à ne plus être demandeuses en attention. La compétence est alors automatisée : elle est réalisée avec un minimum d’énergie cognitive nécessaire.

Si bien que l’on entre dans l’étape du « Je ne sais plus que je sais », autrement dit j’ai tellement effectué la dite action ou eu recours à cette nouvelle connaissance qu’à présent je le fais/l’utilise de manière spontanée et inconsciente d’où le nom  de cette dernière étape. Je suis ainsi compétente quand bien même je n’en ai plus conscience.

Exemple 1 : Je suis en capacité de conduire tout en discutant par exemple. L’acte de conduite ne me demande plus une concentration accrue. Je l’effectue grâce à des automatismes. A moins d’y porter une attention particulière (si je conduis une nouvelle voiture par exemple), je n’ai plus conscience des gestes successifs nécessaires à la conduite que j’effectue.

Exemple 2 : L’enfant ayant automatisé la connaissance des tables de multiplication va alors pouvoir effectuer des calculs plus complexes et s’atteler à la division par exemple. Il est capable de retrouver le produit d’une multiplication presque de manière automatique, son attention peut alors être consacrée à un autre apprentissage.

Exemple 3 : Lors de mes lectures et des ateliers j’ai découvert un outil de parentalité que je n’ai eu de cesse d’utiliser au quotidien (accueil des émotions, choix offert à l’enfant…). J’ai tant utilisé l’outil en question que je ne me rends même plus compte quand je l’utilise. Une amie peut me le faire remarquer tandis que moi je n’y prête plus vraiment attention.

Nous voilà donc à la fin du processus d’apprentissage décrit via ces 4 étapes importantes.

Quelques conseils 

Pour finir, j’aimerais vous offrir quelques conseils pour apprendre efficacement dans la joie :

  • Maintenant que vous connaissez chaque étape, savourez chaque nouvelle marche que vous gravirez.

Vous venez tout juste de prendre conscience qu’il existait des alternatives à une parentalité trop autoritaire ou au contraire trop laxiste ? Félicitez-vous pour cette prise de conscience, C’est une première marche gravie.

  • Acceptez que certaines étapes soient plus longues que d’autres. Conservez votre enthousiasme en chemin et faites preuve de bienveillance envers vous-même ou l’apprenant quel qu’il soit.

 

  • La troisième étape vous permet de savoir/ savoir-faire tout en en ayant conscience. Profitez pleinement de cette avant dernière marche pour renforcer votre estime et votre confiance en vous-même.

 

  • Les allers-retours entre les deux dernières étapes sont normaux. Ils sont le signe que vous continuez d’apprendre et de vous former.

Un petit récap’ à partager 😉

 

J’espère que les différents exemples choisis pour illustrer ce processus vous auront permis de mieux comprendre chaque étape et ses caractéristiques.

Quel exemple était le plus parlant pour vous ? D’autres exemples vous sont venus à l’esprit ? 

Partagez-les en commentaires et dites moi à quel stade vous vous trouvez 😉

Pour celles qui souhaitent aller plus loin et déterminer le profil d’apprentissage de leur enfant (ou le leur 😉 ), je vous conseille le replay de l’atelier sur les intelligences multiples. Je vous y accompagne pas à pas et vous explique aussi, comment utiliser cette riche théorie de manière très concrète. 

Les intelligences multiples